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Vous êtes iciAccueil › Recherche › apprenant › Lagarce, Juste la fin du monde › Rabelais, Gargantua › La Bruyère, Les Caractères › Marivaux, Les Fausses Confidences 1re G1re T Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde 1990 Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde 1990 Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 1 Le prologue de Louis Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 1 Le prologue de Louis Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 2 Les retrouvailles tendues Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 2 Les retrouvailles tendues Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 3 Le métier d’écrivain Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 3 Le métier d’écrivain Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 4 Suzanne et le départ impossible Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 4 Suzanne et le départ impossible Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 5 Les souvenirs de la mère Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 5 Les souvenirs de la mère Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 6 Louis face à la mort Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 6 Louis face à la mort Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Écho 1 Eugène Ionesco, Le roi se meurt 1962 Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Écho 1 Eugène Ionesco, Le roi se meurt 1962 Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Ionesco théâtre théâtre de l'absurde XXe 1re G1re T Texte 7 Intermède Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 7 Intermède Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 8 Le conflit des deux frères Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 8 Le conflit des deux frères Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 9 Dire l’amour Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 9 Dire l’amour Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Texte 10 Antoine, l’homme en colère Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Texte 10 Antoine, l’homme en colère Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G Écho 2 Marguerite Duras, La Musica 1965 Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G Écho 2 Marguerite Duras, La Musica 1965 Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Duras théâtre XXe 1re G Sujet de dissertation guidé Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G Sujet de dissertation guidé Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Explications linéaires guidées Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Explications linéaires guidées Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Lectures cursives guidées Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T 1re G1re T Citations Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Citations Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Carte mentale Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Carte mentale Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Résumé et structure de la pièce Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Résumé et structure de la pièce Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe 1re G1re T Repères de contextualisation Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au... Œuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G1re T Repères de contextualisation Objet d'étude Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Œuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Lagarce théâtre théâtre contemporain XXe
Ducôté de son frère Antoine (Vincent Cassel), Mais Juste la fin du monde n’est pas seulement un film sur une famille dysfonctionnelle. Au cœur du récit, imaginé par Jean-Luc
Juste la fin du monde analyse des personnages. La pièce de Jean-Luc Lagarce propose des personnages particulièrement intéressants à analyser. De plus, ceux-ci permettent de nous interroger sur le thème du parcours associé crise individuelle, crise familiale ». D’abord, il est le personnage aîné. D’ailleurs, il porte le même prénom que son père avant lui et que le premier né des enfants d’Antoine. Il revêt ainsi un rôle déterminant dans la famille, il semble être celui qui sera à la tête de la cet aîné a quitté la maison familiale, pour une raison qui est tue, il y a plus de dix ans. Son retour, à l’instar de celui du fils prodigue, suscite les passions au sein de la plus, dès le prologue, Louis apparaît comme un personnage tragique. Sa décision de retourner voir sa famille témoigne pourtant d’une volonté de résister, de maîtriser au moins l’annonce de sa fin Louis est un personnage mutique. Il écoute sans intervenir et semble rester extérieur aux remarques des autres membres de la famille. Par exemple, lorsque Suzanne fait son monologue. explication linéaire du monologue de Suzanne Il écoute sans réagir aux propos de sa outre, il est écrivain, il a donc une figure d’intellectuel. D’ailleurs, il cherche le mot juste voir l’usage de lépanorthose. Il apparaît donc comme opposé à son frère Antoine. Effectivement Antoine travaille dans une usine. Il incarne donc le manuel. D’ailleurs, sa femme et lui habitent, selon les propos de Suzanne, un petit pavillon très il est très en colère. D’une part, il semble avoir souffert du départ de son frère et d’autre part, il semble souffrir de leur grande à Louis qui parle peu mais avec aisance, Antoine est maladroit et parfois même grossier. Par certains aspects, il apparaît comme le miroir de Suzanne. Leur langage trahit leur bouillonnement intérieur quand Louis apparaît placide. D’abord, elle est beaucoup plus jeune que ses frères. Elle n’a donc pas un souvenir précis des moments partagés avec Louis. Elle n’était alors qu’une elle semble enthousiaste à l’idée de retrouver ce frère aîné dont on imagine qu’il a suscité beaucoup de conversations familiales pendant cette décennie d’ elle va très rapidement se trouver submergée par son émotion. L’enthousiasme laisse place aux reproches. voir le monologueComme son frère et sa mère, elle incarne une classe sociale laborieuse mais peu fortunée. Louis, à l’inverse semble être sorti de ce milieu et avoir atteint une sphère plus aisée. Ainsi, elle n’a pas de voiture à elle, elle la partage avec sa mère, de même qu’elle n’a pas de domicile à elle, elle a conservé sa chambre dans la maison familiale. 4. LA MERE D’abord, il faut noter que la mère est le seul personnage à n’avoir pas de prénom. Elle semble incarner le symbole de toutes les mères plutôt qu’une mère à l’instar du père dans la parabole du fils prodigue, elle est heureuse de retrouver son fils. Mais, comme Suzanne, son enthousiasme se transforme en reproches. Elle peine à montrer clairement son amour et sa joie à son plus, elle s’interpose entre ses enfants pour maintenir le calme lorsque les tensions s’ elle incarne une mémoire du passé familial. Elle rappelle les moments heureux du passé, vécus avec le père. Ainsi, les dimanches sont évoqués avec nostalgie. Malgré le manque d’argent qui ne permettait pas de partir en vacances, elle est nostalgique de ces moments où tous étaient réunis. 5. CATHERINE C’est un personnage singulier et intéressant. Elle ne partage pas le même sang puisqu’elle est l’épouse d’Antoine. Elle n’a pas connu Louis avant son elle se montre sympathique et s’efforce d’aider Louis à rattraper le temps passé. Elle lui parle de leur mariage auquel il n’a pas assisté, à la naissance des enfants qu’il n’a pas apparaît un peu comme une intermédiaire entre les deux frères mais elle se refuse à prendre la parole en lieu et place d’Antoine lorsque Louis l’interroge. CONCLUSION JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE Nous espérons que cette fiche JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE » a pu être utile. N’hésite pas à poster tes commentaires ou questions dans les commentaires ci-dessous. –Biographie de Jean-Luc Lagarce –Dissertation Juste la fin du monde -Explication linéaire du prologue de Juste la fin du monde –Explication linéaire du monologue de Suzanne –Explication linéaire de l’épilogue Navigation des articles Pour s'améliorer en français
Extraitsde la pièce de théâtre Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, lecture publique diffusée en direct du Musée Calvet le 12 juillet 2007 dans le cadre du Festival d'Avignon sur France Culture. Lecture dirigée par François Berreur, réalisation de Marguerite Gateau. Avec : Elisabeth Mazev, Danielle Lebrun, Clotilde Mollet Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théâtre entre présence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le co ... 1Je souhaite ici esquisser quelques pistes de ce que l’on pourrait nommer une herméneutique de l’écriture de Lagarce, ces pistes ayant été plus largement exploitées dans la récente monographie que j’ai publiée Lagarce. Un théâtre entre présence et absence1. J’aimerais confronter le film de Xavier Dolan au texte de Juste la fin du monde en ouvrant cet article sur une étude de lexique que l’examen de l’archive en ligne sur le site fanum pourrait permettre de concrétiser à l’avenir. 2 M’intéressant aux dramaturgies de la parole, je mène ce type d’approches à propos de l’écriture de ... 2Ma première constatation est que ce film, s’il ne respecte pas à la lettre le texte et la langue de Lagarce, restitue en revanche l’esprit de la pièce et entre en résonance avec la lecture que j’avais pu en dégager lorsque j’ai publié mon ouvrage sur l’œuvre de Lagarce, dont le sujet principal est l’étude des figures de la perte de soi dans l’ensemble de son théâtre, dans son journal et ses autres écrits, et où j’insiste sur l’observation du processus de l’écriture, tel qu’il est décrit par l’auteur lui-même, à savoir que l’écriture est pratique permanente de la réécriture à la fois intra- et intertextuelle, et que la réécriture est une mise en scène de l’écriture elle-même. Ma démarche s’apparente au courant de la génétique textuelle et de la génétique théâtrale, par le biais de l’analyse des processus2. 3 Dans mon ouvrage, je replace d’ailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise ... 3La langue de Lagarce est bien là, du moins dans sa recherche obsessionnelle du mot juste, dans son bégaiement collectif rituel qui dit une non-coïncidence du langage et de la pensée, une non coïncidence des mots et des corps, une non-coïncidence de soi à soi. C’est dans ce déficit à la fois linguistique et ontologique que s’installent les personnages de Lagarce, dans une polyphonie apparente, mais qui n’en est pas une, puisqu’une seule voix les traverse tous, dans une sorte d’identité transpersonnelle. Rhétorique de l’incertitude, tremblement du dire et tremblement de l’être, pléthore des modalisateurs, abus de l’épanorthose, usage de l’approximation, telles sont les attitudes d’écriture d’un auteur qui pratique la culture du doute et le choix de l’hésitation, entendus comme un art poétique, mais aussi comme un acte de résistance aux certitudes assénées par les discours totalitaires – je ne vais pas insister sur ces lieux communs de la critique lagarcienne3. 4Ce que le film met particulièrement en relief, c’est à quel point le dispositif de la pièce est placé sous le signe de la perte, de la déperdition, qui marque la relation à l’écriture, aux autres, au monde. Le sentiment de la perte est lié au désir impérieux de retrouver le mot juste, la relation juste, le regard juste. Nous envisagerons ici les deux derniers aspects, à travers les leitmotivs lagarciens du sacrifice et de l’abandon. Le sacrifice 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques conte ... 5Ce que le film de Xavier Dolan révèle, dans un langage et un lyrisme qui lui sont personnels, c’est la violence archaïque qui sous-tend les relations entre les personnages. Transformer la mort en sacrifice, tel est le programme annoncé dans les monologues de Juste la fin du monde. Et ce rituel est consenti par la victime La mort aussi elle est ma décision / et mourir vous abîme et c’est vous abîmer que je veux. […] je me sacrifie4. » 5 René Girard, Le Bouc émissaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, op. cit., p. 116-120. 6Louis, que ce soit de manière effective ou métaphorique, accumule les signes victimaires tels que les énumère René Girard dans Le Bouc émissaire 5 parricide, inceste, homosexualité, hubris sont les attributs principaux de la victime rituelle. Renvoyant à mon ouvrage pour l’analyse des premiers6, je n’évoquerai que le dernier, l’hubris, le plus important par rapport à notre propos – la mythologie de l’écriture – car elle renvoie à la pratique de l’écriture comme une activité transgressive 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. Être dans la Cité, au milieu des autres, avoir le droit immense de pouvoir parler, être responsable de cet orgueil, être conscient de ma force7. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théâtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théâtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute à Vinaver, Paris, Nathan, Un ... 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 Joël Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Éric Duchâtel dir., Juste la fin du monde. Nous les hér ... 7Cette affirmation de Lagarce, ce sentiment d’avoir franchi une limite – sociale, symbolique – est aussi ce qui servira à peindre la figure de Louis dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. C’est bien cet orgueil que lui reprochent les siens, qui le trouvent trop distant avec eux, telle Suzanne il n’embrasse jamais personne »8 ; Je pense que vous avez remarqué aussi cela, ce caractère, cette froideur de caractère, […] il n’embrasse jamais personne, de sa propre initiative9 ». La mère même accable Louis, se moquant de son petit sourire et de cette façon si habile et détestable d’être paisible en toutes circonstances »10. D’ailleurs, si dans Juste la fin du monde, personne ne comprend pourquoi Louis est revenu, dans Le Pays lointain, personne ne comprend non plus pourquoi il a quitté le domicile familial il est vaguement question d’une dispute avec le père au moment de l’adolescence thématique qui sera reprise dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, mais ce qui subsiste, c’est le sentiment qu’il a fallu à Louis une dose importante d’orgueil pour partir. Selon Patrice Pavis, c’est même cette arrogance excessive qu’il paierait de sa vie11. Enfin, selon Joël Jouanneau, même le prologue témoigne de l’hubris du personnage ce souhait d’être, jusqu’à cette extrémité [s]on propre maître »12, montre la part d’orgueil de sa démarche13. Mais je ne partage pas cette dernière interprétation, j’y reviendrai. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dan ... 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 8Dans Juste la fin du monde, le dispositif de circulation de la parole est celui d’un tribunal, comme l’a souligné Jean-Pierre Sarrazac14, et la place de Louis est bien celle de l’accusé face aux jurés. Un rôle qu’il assume d’ailleurs totalement Je suis un étranger. Je me protège. J’ai des mines de circonstance15. » 16 Ibid., p. 38. 9Louis est accusé d’écrire pour les autres, accusé d’être écrivain mais de ne pas se servir de ce don » pour écrire aux siens, auxquels il n’envoie que des cartes postales banales et elliptiques », pas mêmes cachetées et donc visibles par tous. Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes. C’est pour les autres16 », lui reproche sa sœur. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 10Louis est accusé de mentir, de déformer la réalité. L’écrivain est le rhapsode, celui qui met en récit – en histoires ». Du langage il fait un usage inhabituel il déforme, il trahit, il triche avec la réalité, qu’il arrange à sa guise, et cette aptitude à la tricherie est perçue comme une différence menaçante, une faute, comme l’exprime Antoine Tu vas commencer à me raconter des histoires, je vais me perdre […] peu à peu tu vas me noyer17. » L’habileté, la ruse sont donc l’apanage de Louis aux yeux de ses frère et sœur je pense que tu es un homme habile, un homme qu’on pourrait qualifier d’habile, un homme plein d’une certaine habileté »18, constate Suzanne. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire d’amour repérages, in Théâtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitai ... 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 11Louis est accusé d’instrumentaliser ses proches. La relation de l’écrivain avec ses proches est forcément source de conflits car les récits sont aussi mis en récit même si c’est esquivé de la vie privée, et les proches inspirent toujours, à un moment ou à un autre, des personnages. D’où leur résistance à entrer dans le récit dans Histoire d’amour. Repérage, le Deuxième Homme et les Femmes sont surpris de la transposition de leur image, mais finalement ils trouvent l’histoire fictive plus vraie, plus crédible que la réelle19. Dans Juste la fin du monde en revanche, Antoine se révolte, résiste à l’emprise de la fiction, ces histoires pour rien, des histoires, je ne comprends rien »20. C’est pour ne pas alimenter les récits de Louis qu’il s’interdit de parler, mais quand sa parole éclate enfin, elle est celle d’un héros tragique. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, ... 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 12Enfin et surtout, Louis est accusé de n’avoir pas assez aimé. On parle donc de l’accusé à la troisième personne. On ne s’adresse pas directement à lui, comme s’il n’était pas là. Ce sentiment de disparaître en présence d’autrui, de ne plus être vraiment là, Lagarce l’a maintes fois exprimé dans son Journal21. C’est aussi ce qui marque le changement de regard qu’il porte sur le monde depuis la révélation de sa séropositivité – mais aussi avant cet événement. Dans Juste la fin du monde, Louis note Chaque lieu, même le plus laid ou le plus idiot, je veux noter que je le vois pour la dernière fois »22. Regarder les choses comme si tout était la dernière fois »23, telle sera la perspective que retiendront les spectateurs du Journal vidéo. 24 Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, in Théâtre complet, t ... 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 13Le procès se traduit par une violence de l’accusation, qui elle-même traduit une violence sur le plan éthique. Et ceci se fit dans la violence, des mots violents, juste des mots et rien d’autre24 », dit la Mère à propos du fils chassé par le père dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, une pièce qui propose une variante de la figure du fils en parabole du fils prodigue. Dans les pièces de Lagarce, la violence est d’abord un phénomène de langage, qui prend toute sa place dans une dramaturgie de la parole, mais elle est aussi un phénomène éthique, lié à l’incapacité existentielle des personnages à prendre en compte la dimension de l’Autre, sans cesse ramené à la sphère du Même, au sens où l’entend Levinas. C’est bien de cette violence-là que Louis est victime réduit à une existence théorique, empêché – sauf par Catherine – de s’exprimer en son propre nom, instrumentalisé par sa mère qui lui demande de rassurer les siens, il ne peut accéder à une existence séparée qu’à travers une relation biaisée l’aparté au public dans les monologues. En dehors de cette adresse indirecte, il est réduit au mutisme et à une identité tronquée, à travers le portrait faussé que sa fratrie donne à voir de lui, rompant, par leurs jugements, la continuité de sa personne Louis ne parle pas en son nom propre. Selon Levinas, le discours de la totalité est affirmation absolue d’une subjectivité qui s’érige en juge, d’où l’abondance des jugements de valeur qui visent à réduire l’autre, à l’instrumentaliser dans le discours du Même. Dans Juste la fin du monde, Catherine s’insurge contre cette habitude selon laquelle un nouveau-né doit absolument ressembler à ses parents, et elle défend l’idée que son enfant ne ressemble à personne »25, échappant à cette logique du scandale de l’altérité qui fait du langage familial une véritable machine de guerre propre à nier les différences, voire à les réduire, ou à exclure l’individu différent. En revanche, Antoine, dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain, est dans la logique du Même Vous êtes semblables, lui et toi, et moi aussi, je suis comme vous »26, dit-il à sa sœur pour la consoler. Suzanne aussi ne veut voir en Louis que quelqu’un qui ne change pas »27. Les personnages se créent leurs propres enfermements, leurs propres citadelles comme l’évoque littéralement le titre de la pièce qui annonce Juste la fin du monde Retour à la Citadelle. Suzanne pense qu’elle n’est pas une vraie personne », n’ayant jamais eu un chez soi » hors de la maison familiale si je ne pars pas, jamais, je ne serai jamais une vraie personne, juste une enfant. C’est de cela que j’ai peur »28, confie-t-elle à Louis. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuÉnoun, Homosexualité transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires ... 14La violence éthique est liée au scandale de l’altérité, au discours de la totalité, au refus de prendre en compte une existence séparée, mais elle est aussi le corollaire de la peur, ce que rend très bien le film de Xavier Dolan. Tous ont peur Suzanne a peur, Antoine a peur, Louis a peur. Tu voudras me parler / et il faudra que je t’écoute / et je n’ai pas envie d’écouter. Je ne veux pas. J’ai peur29 », avoue Antoine. Parlant au nom d’un on » ou d’un tu », ne disant jamais je », Antoine s’insurge Tu crois me connaître mais tu ne me connais pas, / tu me connaitrais parce que je suis ton frère30 ? » Ce renversement de la violence mimétique constitue l’acmé de la pièce, mais aussi un moment paradoxal que Denis Guénoun a appelé l’élévation d’Antoine »31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 15C’est que, par un coup de théâtre, Antoine endosse dans la dernière partie de la pièce la figure de l’altérité, se constituant lui-même en bouc-émissaire. Et là, maintenant vous êtes là, à me regarder comme une bête curieuse32 » Toute la pièce était une fausse piste malgré les apparences, Louis n’était pas un bouc émissaire ? Qui était-il alors ? La posture du bouc émissaire est-elle si enviable ? Tout se passe comme si Louis, réduit au silence, se trouvait paradoxalement dans une position de supériorité dans la violence rituelle, la victime est en effet sacralisée. Si la parole de Louis n’a pu être entendue parce qu’elle aurait eu l’impact d’un cri dans un tunnel vide et ne pouvait qu’être une parole de la perte, en revanche, son silence a été entendu, et c’est là, sans doute, toute la force du film de Dolan d’avoir pu filmer en gros plan les visages, car le visage, selon Levinas, est le lieu de la relation juste, celle du face-à-face avec l’autre. L’abandon 16L’écriture de Lagarce développe plusieurs stratégies d’évitement de la violence et donc du tragique qui est, au sens étymologique, contamination de la violence rituelle ; n’oublions pas que la tragédie est issue du bouc – tragos – que l’on sacrifie. 33 Cité par Marie-Hélène Boblet, Écriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, ... 34 Suzanne parle d’ une certaine forme d’admiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. ... 17La première consiste à faire du protagoniste principal une figure de revenant. La force, sans doute, du casting du film de Dolan, c’est d’avoir fait de Louis moins un mourant qu’un revenant. Louis n’a pas le même degré de présence scénique que les autres personnages, il est une sorte de présent-absent, mais s’il est ainsi perçu, c’est à travers la folie collective des autres personnages, qui, le privant de sa parole, le déréalisent, le dépersonnalisent, en font une figure sans doute sacrificielle, mais aussi messianique. Sur le plan de la conscience, Louis est déjà d’outre-monde, il a basculé dans une perception où manque le lointain. Une des choses les plus mélancoliques dans le rapprochement de la mort la perte du lointain », écrit Hervé Guibert dans Le Mausolée des Amants33. Mais dans la pièce, tout se passe comme si le fait de se trouver confronté au définitif la séparation, la dernière fois, la mort n’était plus seulement l’affaire de Louis, mais celle des autres. La hantise d’une nouvelle séparation les plonge en effet dans des accès de colère et de désespoir très bien rendus par le film de Dolan. Dans Juste la fin du monde, Louis est présenté comme une sorte de revenant, de ressuscité qui vient brusquement révéler aux siens leur vrai contexte existentiel le manque d’amour. D’où le sentiment de sidération, fait de trouble et d’admiration34, qui accompagne son apparition au seuil de la maison familiale. Quant à la mère, tentant de redonner à Louis sa place symbolique d’aîné que Louis refuse dans le film de Dolan, lui explique qu’il est revenu pour combler les manques existentiels de son frère et de sa sœur et leur donner l’autorisation de devenir enfin eux-mêmes 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. Suzanne voudrait partir […]. Lui, Antoine, il voudrait plus de liberté, je ne sais pas […]. Et c’est à toi qu’ils veulent demander cela, c’est à toi qu’ils semblent vouloir demander l’autorisation35. 18Or, ce qu’Antoine et Suzanne ne peuvent admettre, c’est justement admettre, c’est l’abandon au nom de leur refus de se perdre, ils s’arc-boutent contre le frère, se campent dans leurs certitudes, et sombrent dans le tragique, ce tragique contre lequel, justement, Louis lutte, tentant sans cesse d’apporter la consolation, se faisant insulter en retour 36 Ibid., p. 93. Louis. – Ne pleure – Tu me touches, je te tue36. 19Si Antoine est près de frapper son frère, c’est qu’en lui-même, contre son gré, quelque chose a été atteint. Le conflit extérieur cache un conflit interne – qui est aussi la caractéristique des héros tragiques. Ce rejet n’est pas de haine, il est la forme paradoxale d’un amour refoulé, d’une résistance qui se brise, d’un conflit intérieur qui trouve sa résolution en prenant la forme chaotique d’une conversion, d’une métanoïa opérée par la simple présence, silencieuse, de Louis. Ce moment de bascule est la conséquence de la présence négative de Louis parmi les siens, qui fait de lui une créature d’un autre monde, une sorte de figure de la résurrection. Avec le personnage de Louis, Lagarce met en œuvre le motif du retour parmi les vivants, qui nous renvoie à la Bible comme à la légende orphique 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Be ... admettre l’idée toute simple et très apaisante, très joyeuse, […] l’idée que je reviendrai, que j’aurai une autre vie après celle-là où je serai le même, où j’aurai plus de charme, […] où je serai un homme très libre et très heureux37. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarc ... 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, cité par Georges Banu dans Peter Handke le théâtre de la langue », Supplément Té ... 41 Robert Musil, L’Homme sans qualités, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. Présentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans... 20La seconde stratégie d’évitement de la violence consiste à faire bifurquer le dispositif du tragique vers le Trauerspiel. Cette pièce, comme Le Pays lointain, s’apparente à un monodrame », selon Jean-Pierre Sarrazac38, à savoir qu’elle propose un retour sur la vie d’un individu au moment de sa mort, une dramaturgie du salut, dans la lignée des mystères médiévaux. Les témoins accompagnent le parcours du mourant, ils font le récit de sa vie avant de l’enterrer. Ce dispositif dramaturgique était déjà présent dans Juste la fin du monde, mais il s’accentuera dans Le Pays lointain, où on assiste à la mise en récit exhaustive de la vie d’un homme ordinaire, comme on le ferait d’un mort mais qui n’est pas encore mort dans le but de l’ immortaliser » ça vous immortalise »39, dit le père quand il prend des photos. Le Pays lointain, en enchâssant, sur le mode du contrepoint, la première pièce dans un ensemble plus vaste, fait donc coexister les deux dispositifs, les confronte le dispositif violent le rituel du bouc émissaire présent dans Juste la fin du monde et le dispositif non-violent lié notamment à l’attitude apaisée du père, dans Le Pays lointain. Dans les deux cas, le moteur est en la logique de la perte de soi. La problématique du tragique est toujours mise en tension dans l’univers de Lagarce. Comme Peter Handke, qu’il admire tant, Lagarce pourrait dire Je suis grec40 », tant il se nourrit aux lectures des Tragiques ; mais inversement, il puise dans une autre tradition, cherchant dans l’écriture un exercice de détachement qui propose une vraie alternative au tragique ce sont les tricheries », les arrangements », mais aussi le recours au Trauerspiel dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. Il est effet deux lignées dans le théâtre occidental le théâtre tragique, hérité des Grecs, et le théâtre non-tragique, ou pré-tragique, hérité des mystères médiévaux. Walter Benjamin, dans Essais sur Brecht, définit le héros non tragique comme l’homme ordinaire, sans qualités » ohne Eigenschaften », pour reprendre le titre du chef-d’œuvre de Robert Musil41, comme le formule Louis dans Le Pays lointain, mais aussi Lagarce dans sa propre présentation de la pièce D’un seul homme, sans qualité, sans histoire, tous les autres hommes42 ». Cette volonté de décontextualiser nous rappelle que l’absence de qualité renvoie à l’absence de prédicat, au refus de la prédication caractéristique des diverses traditions spirituelles, pour désigner le point de vue de l’absolu, la recherche d’un regard de surplomb. 21Ce mode de lecture nous autorise à lire le personnage de Louis comme une figure de la perte, qui, par son aptitude au renoncement il renonce à son projet de départ, préférant bafouiller des promesses de retour, par son aptitude à l’abandon à la fois actif et passif est un personnage entre deux mondes qui donne la mesure d’un monde. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc L ... 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon à Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 22Le renoncement est une pratique ascétique qui consiste à crucifier l’amour-propre et évoque les dures lois de l’abnégation et de la pénitence. L’homme renoncé est un personnage qui hante la littérature européenne, et qui, sur le plan théâtral, s’inscrit dans la tradition du Trauerspiel, dans lequel Walter Benjamin voit la célébration de la Passion de l’homme » ou encore le drame du martyr43 ». Les dernières pièces de Lagarce consacrées au cycle du retour racontent ce parcours un homme meurt et cherche à donner à sa mort une justification, profitant de cette occasion du retour aux sources pour devenir son propre maître », c’est-à-dire devenir libre. La démarche est d’emblée présentée comme sans espérance sans espoir jamais de survivre »44, laissant entendre que le héros a renoncé aux idées de salut avant de prendre le chemin de la maison familiale. Louis est bien un martyr » au sens étymologique de témoin ». C’est bien le rôle qu’il va jouer dans sa famille il écoutera les autres. De même dans Le Pays lointain, il écoute car c’est lui qui sera au bout du compte sacrifié. Tout se passe comme si le martyr avait le pouvoir d’annuler la souffrance parce que lui-même a entièrement consenti à sa propre perte. C’est là la logique sacrificielle violente qui prône la mort-pour45 », la mort utile. Mais il est une autre forme de perte, qui n’est pas récupérable c’est l’abandon, paradigme dont le lexique de Lagarce use et abuse, faisant de tous ses personnages des figures d’abandonnés. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidéo, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 23L’abandon est un état à la fois passif et actif. Si dans sa famille, abandonner les siens est une faute, Louis a abandonné les siens et en retour, a été abandonné d’eux et en souffre ; mais il réalise, contre toute attente, que cette absence d’amour fit toujours plus souffrir les autres que [lui] »46. J’étais resté là, seul, abandonné, toutes ces sortes de choses », dit Louis au début du Pays lointain47. Cette dimension de l’abandon est très présente dans le Journal vidéo48 de Lagarce qui, au moment de la rédaction de Quelques éclaircies, cherche à gommer, effacer la figure de l’auteur pour retenir le mouvement de son seul regard posé sur les êtres et les choses, dans la fugacité du temps qui passe et génère, effacement sur effacement, cet art de la vanité, mais aussi un art du détachement mot par lequel on traduit le mot d’abandon aujourd’hui. Dans son Journal vidéo, l’œil rivé à la caméra, jouant des surimpressions d’images et de bandes défilantes de textes qui parlent de fin et de morts, Lagarce nous livre ce qu’Annie Ernaux nommerait un Journal du dehors »49. Le déplacement géographique vers Berlin permet une reconsidération de la vocation personnelle écrire contre la peur et une mise en perspective du sentiment d’abandon, qu’il traque des deux côtés de la ville, à l’Est, dans les files de gens qui reviennent à pied, depuis l’autre côté du mur, avec des sacs à commissions remplis, comme à l’Ouest, dans les terrains vagues liés à la destruction du mur. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. Seconde longue balade, hier, dans les terrains vagues de Kreuzberg, malheureusement sans caméra et j’y retournerai, et au marché polonais. Le choc le plus grand, c’est celui-là film de Wenders50. 51 Ibid., p. 291. 24Ce qu’il tente aussi de saisir, par l’écriture, par l’image, c’est le regard de surplomb de l’ange Derrière chacun de nous, au milieu de nous, se promènent des anges qui écoutent nos pensées, nous posent parfois la main sur l’épaule pour nous apaiser et que seuls les enfants peuvent voir51 ». 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 25L’abandon est un état de conscience paradoxal une tentative de conciliation des contraires. C’est comme la nuit en pleine journée »52, dit Louis au début de l’Intermède. L’abandon est ce qui caractérise le contexte de l’Intermède, qui vise à produire un déplacement, dans l’espace et dans le temps, mais surtout dans la conscience du spectateur. C’est Antoine qui décrit le contexte des deux pièces, un contexte qui ramène aux conditions symboliques d’un état de conscience quasiment intenable pour l’être humain, à savoir le lieu de la coïncidence des contraires la nuit lumineuse. C’est ce contexte symbolique que Xavier Dolan a tenté de suggérer de manière réaliste dans son film, par le travail des lumières et des contre-jours, et par la trouvaille de cette idée d’une chaleur caniculaire. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, Présentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de l’inquiétude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 2 ... 55 Ce concept a été forgé par Maître Eckhart, et signifie, comme l’expliquent ses traducteurs, l’at ... 26L’abandon est aussi un choix, un acte de volonté le choix de la non-violence, porté jusque dans la peur, jusque dans la souffrance-même. Cette volonté paradoxale, Lagarce la mentionne dans le synopsis du Pays lointain, où il affirme vouloir raconter la violence, comme étrangère53 », la mettre à distance par l’écriture. C’est pourquoi dire ce refus de l’inquiétude » jusque dans l’inquiétude-même, est son premier engagement54 », comme il le formule de manière paradoxale ce refus de l’inquiétude n’est autre qu’une recherche du détachement, de l’indifférence positive, de la Gelassenheit55 qui est aussi la définition d’une liberté sans protocoles différente du libre-arbitre, c’est la liberté du libéré dans la vie » qui ne possède rien et n’est possédé par rien. Il est certain que le succès des pièces de Lagarce et de Juste la fin du monde vient de ce qu’elles nous rattachent au fonds anthropologique de l’humanité. Aussi la figure de Louis, comme les autres figures d’écrivains de ses pièces, est-elle moins une figure d’abandonné qu’une figure de dépossédé. C’est ce qui fait que l’écriture de Juste la fin du monde a sans doute été nourrie par des souvenirs de cinéma, et s’apparente à des œuvres telles que Le Sacrifice de Tarkovski, film qui a bouleversé Lagarce au moment de sa sortie, parce qu’il parle de la fin du monde, mais d’une fin du monde au sens d’une apocalypse, au sens étymologique de renversement des apparences, de révélation de réalités cachées. Un film testamentaire 1986 puisque le cinéaste est mort quelques mois après. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. C’est magnifique, C’est magnifique et les images restent dans ma tête. Éprouvant aussi. Les acteurs sont excellents la comédienne qui joue la femme de Josephson notamment. C’est cela par-dessus tout que j’aimerais pouvoir Tarkovski est mort. Je n’ai vu qu’un film sur les huit qu’il a tournés, Le Sacrifice, mais ce fut essentiel, je crois. Sa manière de filmer, de raconter, de nous parler de Dieu, de notre croyance ou de notre refus de croire. Sans exagérer, c’est un des films qui me marquèrent le plus et qui me firent voir les choses – le cinéma – différemment57. 58 Voir Paul RicŒur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1985. L’auteur oppose deux modes de l’identité l ... 27À la fin du Sacrifice, Alexandre, le protagoniste principal, brûle sa maison, acte symbolique de dépouillement, d’abandon. De même, à la fin de Théorème de Pasolini, le père traverse sa propre usine en se dépouillant peu à peu de ses vêtements, dans une ultime et symbolique marche au désert. Ces deux scènes finales, très fortes, qui marquent l’entrée des personnages dans la vie spirituelle montrent l’abandon comme un acte, une forme d’engagement paradoxal. Celui qui se sent abandonné pratique à son tour l’abandon, à savoir qu’il abandonne les prérogatives de son égo, les qualités », mais aussi, au sens où l’entend Paul Ricœur, ses propriétés »58, ou encore, au sens où l’entend Kafka – dont Lagarce était grand lecteur – , ses possessions » Besitz ». Celui qui n’a plus rien en propre entre dans la condition spirituelle car sa perception du monde est débarrassée des discours et des représentations qui lui obstruent la réalité ; la démarche de l’abandon est une démarche paradoxalement constructive et critique elle consiste à apprendre à désapprendre. Portant ce regard à partir de la contemplation de la mort, qui est la condition humaine fondamentale, Lagarce, refusant d’une certaine mesure le divertissement pascalien, invite à regarder la vie à partir de la mort, à se concentrer sur cette condition physique et métaphysique fondamentale. Ce qui est troublant dans Le Pays lointain, c’est cette réplique d’Antoine racontant à son père qu’il fait toujours le même rêve, qu’il ramène à sa colère contre lui, une colère sacrée, la colère de l’insanitas paulinienne 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. le même rêve, semblable, où je songe à tout détruire de ce qui m’appartient, juste cela, ce qui m’appartient, le réduire en cendres, les affaires qui sont les miennes, les objets, les choses que j’ai achetées pour ma femme, pour moi et pour ma femme et pour mes enfants, n’en plus rien garder59. 28Il aimerait se vider de sa colère contre son frère, se délivrer de cette colère, et pour ce faire, abandonner ses possessions – au sens où l’entend Kafka dans le chapitre 8 du Château où K., le protagoniste, découvre une liberté sans protocoles, celle du libéré dans la vie, qui ne possède rien et qui n’est possédé par rien. 60 Franz Kafka, Le Château, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voi ... Malgré tout ce qui s’était passé, il éprouvait le sentiment que ce qu’il avait obtenu jusqu’ici constituait une sorte de possession qu’il ne conservait sans doute qu’en apparence mais qu’il ne devait pas abandonner sur l’ordre de n’importe qui60. 29Cette pratique de l’abandon ne doit pas se faire sur l’ordre de n’importe qui ». Ainsi, quand la mère annonce à Louis que son frère attend de lui qu’il le libère, qu’il l’autorise à être libre, c’est bien de l’abandon comme engagement personnel qu’il s’agit, et le rapprochement avec le texte de Kafka est pour le moins bouleversant personne n’a porté son attention sur le double langage de Lagarce, et pourtant, ce souci de précision qui est le sien dans l’usage des mots, que leur sens à la fois philologique et philosophique précède, aurait pu nous avertir. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. Je viens du livre. Je viens de l’analyse du texte […]. Mon propos n’est pas fait d’eau tiède. J’ai étudié la sémiologie, la linguistique, la philosophie. Je viens de la valeur du texte. Je m’intéresse à la signification du signe et du code61. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siècle. Textes du séminaire du Professeur Carlo Ossola ... 30Ce qui est certain, c’est que le lexique de Lagarce témoigne d’une recherche sur la sémantique des mots, qui amène une résurgence de sens anciens – spirituels – dont les dictionnaires indiquaient qu’ils étaient tombés en désuétude, recouverts sous des acceptions juridiques ou autres – c’est le cas notamment du mot abandon »62. Ainsi, l’obsession de l’autocorrection lexicale cache peut-être une autre ambition, quasiment archéologique, qui joue avec les strates du sens, et tente de remettre au goût du jour un lexique oublié, propre à décrire la vie intérieure. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, L’Arche, 1966, p. 32. 31De Juste la fin du monde au Pays lointain, les perspectives se sont déplacées. Le jeu des réécritures a effectué un déplacement du temps vers l’espace dans le choix des titres la notion de limitation temporelle fin du monde » a été remplacée par celle d’illimitation spatiale lointain ». C’est toujours une extrémité qui est désignée, mais, comme le rappelle Carlo Ossola, la littérature déploie le temps humain comme un espace ». La réécriture de Juste la fin du monde en Le Pays lointain est une manière de réintroduire de l’explicite au sein du vaste système de l’implicite qui caractérise les pièces de Lagarce, en affirmant l’importance du théâtre comme un monde venant supplanter le huis-clos familial, comme en témoigne le joyeux travail de répétition exposé dans Le Pays lointain, qui est une réécriture de l’espace de Juste la fin du monde aux dimensions d’un plateau de théâtre, où rien n’est à sa place. La scène n’est pas un monde, pas plus que le monde n’est une scène », écrivait Peter Handke63. Mais là où le théâtre joue sur le métalangage, la chute du 4e mur et la métathéâtralité, le cinéma de Xavier Dolan prend pour sujet les visages, tord les corps et révèle au plus près la dynamique paradoxale de la perte qui sous-tend la dramaturgie et le lexique de Lagarce. 32Dans Le Pays lointain, le refus du tragique va de pair avec l’affirmation des valeurs telles que celles d’abandon, qui offrent une alternative au sacrifice rituel en faisant du personnage le lieu de la réconciliation des contraires, de même que la pièce insère le drame du langage drame familial à l’intérieur du Trauerspiel, ou récit de vie collectif d’un mort qui était un homme ordinaire, un homme sans qualités. L’écriture est donc bien, chez Lagarce, non seulement un processus qui se déroule, qui se décrit sous nos yeux, mais aussi un exercice de détachement, qui fait de l’écriture le thème de ses pièces l’écriture comme mythologie est constitutive d’une dramaturgie. 33La perte est ce qui définit l’espace de l’écriture, mais aussi le système des relations entre les personnages à travers le protagoniste écrivain, enfin, le regard porté sur le monde par l’écriture. Elle est donc au croisement des perspectives linguistique, dramaturgique et anthropologique, par la recherche désespérée du mot juste, de la relation juste, du regard juste. Autant de mises en œuvre d’une quête qui a absorbé, voire sans doute dépassé – dépossédé ? – son auteur l’écriture comme exercice spirituel de détachement, comme épochè ». En même temps, cette œuvre expose une manière d’être au monde qui réfute les discours d’autorité et de pouvoir au nom des valeurs négatives d’impouvoir, d’involonté, de passivité, d’abandon, propres à aider son auteur à faire face à ce qu’il vivait, ce qui rattache son œuvre à un fonds anthropologique de l’humanité. En effet, le parcours sémantique à travers les trois paradigmes lagarciens d’impuissance, de sacrifice, d’abandon nous font passer du lexique de la création littéraire à celui de l’anthropologie pour déboucher sur la langue de la vie intérieure, qui est notre legs commun et que Lagarce tente de revivifier, invitant le spectateur à un retour sur soi. Haut de page Notes 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théâtre entre présence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le compte rendu de Béatrice Jongy-Guena sur le site Fabula. 2 M’intéressant aux dramaturgies de la parole, je mène ce type d’approches à propos de l’écriture de Beckett, de Novarina. Voir Lydie Parisse, La Parole trouée. Beckett, Tardieu, Novarina, Lettres Modernes, Minard, 2008. Rééd. Classiques Garnier. 3 Dans mon ouvrage, je replace d’ailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise du langage telle que l’a analysée le linguiste Georges Steiner, se situant dans la tradition de la philosophie des langues. Voir mon analyse dans Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, op. cit., p. 19-68. Voir aussi mon article paru dans un ouvrage à destination des agrégatifs Jean-Luc Lagarce. Une dramaturgie de la parole “trouée”. La langue en défaut, le réel en défaut. Réflexions sur Derniers remords avant l’oubli », Béatrice Jongy dir., Les Petites Tragédies de Jean-Luc Lagarce, Dijon, Éditions du Murmure, 2011, p. 47-76. 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques contemporains », 2012, p. 67. 5 René Girard, Le Bouc émissaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, op. cit., p. 116-120. 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théâtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théâtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute à Vinaver, Paris, Nathan, Université, Lettres Sup, 2002, p. 188. 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 Joël Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Éric Duchâtel dir., Juste la fin du monde. Nous les héros, Scérén-cndp, Baccalauréat théâtre », 2007, p. 49. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 271-297. 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 16 Ibid., p. 38. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire d’amour repérages, in Théâtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2014, p. 145. 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, Cette impression, vous savez, quand on vous fait des compliments, qu’on parle devant vous ; comme si vous étiez mort ». 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 24 Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, in Théâtre complet, tome iv, p. 258. 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuÉnoun, Homosexualité transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 33 Cité par Marie-Hélène Boblet, Écriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, janvier-février 2010, p. 41. 34 Suzanne parle d’ une certaine forme d’admiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 359 qu’ils ressentent à son égard. Plus qu’intimidée, Catherine est troublée », comme le fait remarquer Antoine Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 31 et Le Pays lointain, op. cit., p. 348. 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. 36 Ibid., p. 93. 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 22. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op .cit., p. 277. 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, cité par Georges Banu dans Peter Handke le théâtre de la langue », Supplément Télérama n°3312, festival d’Avignon 2013, juillet 2013, p. 17. 41 Robert Musil, L’Homme sans qualités, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. Présentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans Le Pays lointain, op. cit., p. 281. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op. cit., p. 271-297. 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon à Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidéo, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. 51 Ibid., p. 291. 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, Présentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de l’inquiétude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 21. 55 Ce concept a été forgé par Maître Eckhart, et signifie, comme l’expliquent ses traducteurs, l’attitude de qui, sans rien ajouter aux choses, les “laisse être” selon leur vérité, dans le dynamisme de leur origine. C’est sans doute la forme dernière d’une liberté qui se refuse à toute manipulation ou recréation démiurgique. Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean LabarriÈre, préface à Maître Eckhart, Du Détachement et autres textes, Paris, Payot, Rivages poche / Petite Bibliothèque », 1995, p. 23. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. 58 Voir Paul RicŒur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1985. L’auteur oppose deux modes de l’identité la mêmeté » l’identité en tant que propriétés », ou rôles et l’ ipséité » l’identité en tant que singularité. 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. 60 Franz Kafka, Le Château, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voir le détail de mon analyse dans Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, p. 151. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siècle. Textes du séminaire du Professeur Carlo Ossola au Collège de France, textes présentés par François Trémolières, Turin, Nino Argento Editore, Europa restituta » Collège de France, 2004. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, L’Arche, 1966, p. de page Pour citer cet article Référence papier Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus d’écriture et négativité », Skén&graphie, 5 2018, 81-97. Référence électronique Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus d’écriture et négativité », Skén&graphie [En ligne], 5 2018, mis en ligne le 01 janvier 2019, consulté le 26 août 2022. URL ; DOI de page ObserverJuste la fin du monde à partir du prisme de la réécriture, c’est rassembler un ample matériau génétique ou intertextuel, en amont ou en aval de la version actuelle de la pièce. Avant même de concerner la question de la transposition du théâtre au cinéma dans la circonstance de la sortie du film de Dolan, la réécriture informe la pièce elle-même, dans sa relation avec
Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scène 2 Commentaire composé. Dernière mise à jour 30/11/2021 • Proposé par jllesaint élève Texte étudié ANTOINE. — [...] Catherine, aide-moi, je ne disais rien, on règle le départ de Louis, il veut partir, je l’accompagne, je dis qu’on l’accompagne, je n’ai rien dit de plus, qu’est-ce que j’ai dit de plus ? Je n’ai rien dit de désagréable, pourquoi est-ce que je dirais quelque chose de désagréable, qu’est-ce qu’il y a de désagréable à cela, y a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? Louis ! Ce que tu en penses, j’ai dit quelque chose de désagréable ? Ne me regardez pas tous comme ça ! CATHERINE. — Elle ne te dit rien de mal, tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire, tu ne te rends pas compte, parfois tu es un peu brutal, elle voulait juste te faire remarquer. ANTOINE. — Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? Non. Je ne suis pas brutal. Vous êtes terribles, tous, avec moi. LOUIS. — Non, il n’a pas été brutal, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. ANTOINE. — Oh, toi, ça va, la Bonté même » ! CATHERINE. — Antoine. ANTOINE. — Je n’ai rien, ne me touche pas ! Faites comme vous voulez, je ne voulais rien de mal, je ne voulais rien faire de mal, il faut toujours que je fasse mal, je disais seulement, cela me semblait bien, ce que je voulais juste dire – toi, non plus, ne me touche pas ! – je n’ai rien dit de mal, je disais juste qu’on pouvait l’accompagner, et là, maintenant, vous en êtes à me regarder comme une bête curieuse, il n’y avait rien de mauvais dans ce que j’ai dit, ce n’est pas bien, ce n’est pas juste, ce n’est pas bien d’oser penser cela, arrêtez tout le temps de me prendre pour un imbécile ! il fait comme il veut, je ne veux plus rien, je voulais rendre service, mais je me suis trompé, il dit qu’il veut partir et cela va être de ma faute, cela va encore être de ma faute, ce ne peut pas toujours être comme ça, ce n’est pas une chose juste, vous ne pouvez pas toujours avoir raison contre moi, cela ne se peut pas, je disais seulement, je voulais seulement dire et ce n’était pas en pensant mal, je disais seulement, je voulais seulement dire... LOUIS. — Ne pleure pas. ANTOINE. — Tu me touches je te tue. LA MERE. — Laisse-le, Louis, laisse-le maintenant. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scène 2 Jean Luc Lagarce né en 1957 et mort en 1995 est un auteur dramatique contemporain et metteur en scène du XXe siècle, il publie en 1990 Juste avant la fin du monde, une pièce de théâtre. Dans la scène 2 de la partie 2, Louis, héros principal de la pièce, revient après une longue absence annoncer sa mort prochaine à sa famille. Son frère et sa sœur se disputent, et il finira par repartir sans rien leur dire. Ainsi nous pourrons nous demander dans quelle mesure cette scène montre l’échec de la communication pour éviter les conflits. Pour cela, nous aborderons dans un premier temps les tensions qui posent un problème de communication au sein de la famille. Dans un deuxième temps, nous analyserons la violence qui finit par dominer la scène, en se substituant à la communication. I. Des tensions qui brouillent la communication Antoine, le frère du héros, est en colère contre Suzanne, leur sœur. Elle lui reproche des choses qui selon lui sont fausses. La tension entre les membres de la famille est de ce fait palpable. a Chaque personnage est impliqué Antoine exprime sa colère je ne disais rien .. je n'ai rien dit de plus ... je n'ai rien dit » lignes 2,5,7. Il se répète pour prouver son innocence. Il continue en se questionnant y-a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? » puis prend son frère à témoin Louis! ... j'ai dit quelque chose de désagréable ? » Antoine est indigné Ne me regardez pas comme ça ! » Catherine la femme d’Antoine prend à son tour partie et défend Suzanne Elle ne te dit rien de mal ». Elle juge son mari en l'accusant d'être une brute tu es un peu brutal » et continue en lui disant on ne peut rien te dire » b Une difficulté de communication, accentuée par la paranoïa d'Antoine Antoine par la suite s'interroge à nouveau Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? » Ce questionnement rhétorique nous donne l'impression qu'il est paranoïaque. Il croit que tout le monde est contre lui Vous êtes terribles,tous avec moi » Cela accentue sa possible paranoïa. Louis essaie de défendre Antoine mais celui-ci le brime en le surnommant la bonté même » L'auteur emploie ici une antiphrase. Il se met en position de victime ce n'est pas bien, ce n'est pas juste » arrêtez...de me prendre pour un imbécile ! » Il emploie un rythme redondant et amplifie ses propos. Antoine n'arrive pas à communiquer, et finit par substituer à ses difficultés de communication un comportement violent. II. La violence d'Antoine se substitue à la communication a L'agressivité d'Antoine Antoine finit par devenir violent, il repousse sa femme Je n'ai rien ne me touche pas » Il poursuit avec toi, non plus, ne me touche pas ! » il devient agressif, il insinue qu'on le prend pour un monstre comme une bête curieuse » il se compare à une bête. Quand Louis essaie de le consoler Ne pleure pas », il se fait aussitôt rejeter Tu me touches je te tue ». Il finit ainsi son dialogue par une menace de mort. b Le désespoir d'Antoine Antoine finit par lâcher prise et ne désire plus rien il fait comme il veut, je ne veux plus rien » Il a perdu toute conviction, il pense que c'est injuste ce qui lui arrive et il le fait savoir ce ne peut pas... ce n'est pas une chose juste, vous ne pouvez pas... cela ne se peut pas. » Il est accablé sous les reproches. Il bafouille et se répète et ne finit pas ses phrases je voulais seulement dire... » Il finit par succomber à la pression et finit par pleurer. Leur mère intervient et ordonne à Louis de s'éloigner Laisse-le, Louis, laisse-le maintenant. », ce qui met fin à la discussion. Conclusion En définitive Antoine est un éternel incompris, il ne sait pas exprimer ses sentiments et se sent offensé et attaqué par tous. Il en devient paranoïaque et violent. Les tensions naissantes dans cette scène se sont ainsi transformées en violence. Louis lui, dans ce passage, est constamment agressé par son frère aîné, qui menace même de le tuer. L'auteur met en avant la rage d'Antoine en laissant du coup Louis de côté. Louis a bien essayé d'arranger les choses, mais en vain. Il partira sans avoir pu leur annoncer son funeste destin. La violence a dès pris le pas sur la communication, qui a empêché la principale raison de la venue de Louis.
DansJuste la fin du monde, L’hapax serait ce passage de la scène 3 de la seconde partie, dans un soliloque d’Antoine, où il évoque son état malheureux par sympathie avec son frère : « comme toujours les plus jeunes frères se croient obligés de / l’être par imitation et inquiétude » (Juste la fin du monde, p. 97). “Juste la
AVICENNISME LATIN De fait, Siger de Brabant, Boèce de Dacie et, plus modestement, la quasi-totalité des artiens des années 1240 ayant attaché leur nom à un éloge de la philosophie sont, au minimum, des lecteurs passionnés d'Avicenne – le genre même des Introductions à la philosophie, typique de l'université de Paris juste avant la grande crise averroïste », est littérairement et doctrinalement issu d'al-Fārābī et d'Avicenne – et, au maximum, des avicenniens conséquents qui, pour fonder leur eudémonisme intellectuel, recourent à Avicenne autant qu'à Averroès. […] Lire la suiteLe média de la recherche juste philosophie » LE CRITICÓN, Baltasar Gracián - Fiche de lectureÉcrit par Bernard SESÉ • 872 mots Après la rencontre de la nymphe des Arts et des Lettres, Critilo et Andrenio traversent le désert d'Hypocrinda l'Hypocrisie, où on peut voir une attaque contre le jansénisme de Port-Royal, puis l'arsenal de la Valeur, l'amphithéâtre de Monstruosités, jusqu'à la Cage universelle, pleine d'une multitude infinie de pensionnaires, envoyés là par celui qui avait en main la juste mesure des entendements ». […] Lire la suiteÉCRITS DE LINGUISTIQUE GÉNÉRALE F. de SaussureÉcrit par Jean-Claude CHEVALIER • 932 mots Pièce maîtresse des découvertes de 1996 un travail d'ensemble intitulé De l'essence double du langage », qui vise à constituer une Science du langage », et à l'inscrire, par un effort critique, dans une philosophie des sciences. La principale idée forte de cette suite de fragments est que toute analyse linguistique repose sur des oppositions qui dégagent des valeurs. […] Lire la suiteÉPICURISMEÉcrit par Geneviève HÉBERT • 949 mots Il serait par excellence une philosophie du plaisir, un hédonisme, et l'épicurien un jouisseur, au mieux un bon vivant, au pire un débauché. Or, s'il fait l'éloge du plaisir, c'est dans le cadre d'un ascétisme raisonné. Une analyse rigoureuse des plaisirs véritables conduisait en effet Épicure 341-270 av. à juger que ni les beuveries et les festins continuels, ni la jouissance des garçons et des femmes [. […] Lire la suiteSCHELER MAX 1874-1928Écrit par Daniel CHRISTOFF • 2 376 mots • 1 média Enfin, les couples de valeurs fondamentales forment une hiérarchie a priori, en quatre ordres l'agréable et le désagréable, puis les valeurs vitales – l'utile et l'inutile, le noble et le commun –, ensuite les valeurs spirituelles – le vrai, le beau, le juste et leurs opposés –, enfin, ordre suprême, les valeurs religieuses, le sacré et le profane. […] Lire la suiteSPENCER HERBERT 1820-1903Écrit par Bernard VALADE • 3 668 mots • 1 média Mais si son entreprise reçut des travaux de Wallace et de Darwin L'Origine des espèces, datant de novembre 1859 une confirmation éclatante, elle n'emprunte rien à la philosophie positiviste d'Auguste Comte qui, comme on sait, rejeta l'évolution organique des espèces et prit parti pour Cuvier dans le débat qui opposa ce dernier à Lamarck. Récusant à juste titre cette filiation, Spencer ne semble pas avoir admis la réelle parenté qui, en revanche, unit sa théorie de la connaissance impliquée par sa conception de la force à celle de Kant dont il critiqua vivement l'analyse des catégories de l'espace et du temps qui la fonde. […] Lire la suitePÓLYA GEORGE 1887-1985Écrit par Jean-Pierre KAHANE • 1 904 mots Puis vers la philosophie, la physique et les mathématiques. Enfin, il opta pour les mathématiques. Il explique son choix en ces termes Je ne me suis pas trouvé assez bon pour la physique, et trop pour la philosophie ; entre les deux, il y avait les mathématiques » extrait d'une interview qu'il donna à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Ses grandes références, à l'époque, sont Ernst Mach et Hippolyte Taine. […] Lire la suiteL'UTILITARISME, John Stuart Mill - Fiche de lectureÉcrit par Éric LETONTURIER • 1 036 mots • 1 média Pour établir l'absence d'opposition entre les catégories du juste et de l'utile, le long chapitre v entreprend d'abord une enquête sur l'origine du sentiment de justice à travers le recensement des motifs des actes réputés répréhensibles infraction aux justices légale et morale, absence de mérite, manquement à l'engagement pris, partialité, inégalité. […] Lire la suiteVOIE, symboliqueÉcrit par Alain DELAUNAY • 969 mots Il ne s'agit donc pas de trouver quelque chose, mais de trouver en soi une attitude juste. La voie n'est pas conscience de » mais conscience à », attention disponible à ce qui est en train d'être. Il s'agit uniquement de laisser advenir les choses. La voie apparaît vide d'intention. Pour la philosophie sapientielle », l'accomplissement que désigne le mot voie » est on ne peut plus simple il consiste à être présent instant par instant à ce que nous faisons, quoi que nous fassions. […] Lire la suiteGHAZĀLĪ AL- 1058-1111Écrit par Roger ARNALDEZ • 3 434 mots Le premier est un véritable traité d'histoire de la philosophie musulmane d'Orient. Il faut connaître les doctrines pour bien voir leurs erreurs. Ghazālī considère les sciences des philosophes les mathématiques où il n'y a rien à refuser et qui sont hors de notre propos ; la logique où la plupart des questions traitées sont conduites selon une méthode juste ; la physique où sont mêlées vérités et erreurs ; la métaphysique dont la plupart des doctrines sont contraires à la vérité. […] Lire la suiteSOMME DE THÉOLOGIE, Thomas d'Aquin - Fiche de lectureÉcrit par Charles CHAUVIN • 962 mots • 1 média On a vu à juste titre dans cette œuvre le plus bel exemple de synthèse entre la raison et la foi. Selon Marie-Dominique Chenu, la Somme de théologie est le plus beau produit humain d'une foi maîtresse d'elle-même. Thomas commence par reprendre la question de l'essence divine, explorant les cinq voies qui conduisent à reconnaître l'existence de Dieu, formulant à nouveau la nature des relations trinitaires et de l'âme humaine, immortelle et liée à un corps. […] Lire la suiteDARNTON ROBERT 1939- Écrit par Roger CHARTIER • 1 019 mots La construction d'une République électronique du savoir » dont il rêve est menacée quand une entreprise est en position d'établir un monopole sur l'information et quand la juste rémunération du travail intellectuel ignore les droits du public. De là, les critiques qu'il adresse à l'extension excessive de la durée de la propriété littéraire, aux accords passés entre Google et les auteurs et éditeurs, qui ignorent les lecteurs et, dans certains cas, aux bibliothèques elles-mêmes qui acceptent que leurs livres encore protégés par le copyright, et pour une grande part épuisés, deviennent la propriété d'un entrepreneur qui peut en monnayer l'accès électronique à sa guise. […] Lire la suiteMAC LANE SAUNDERS 1909-2005Écrit par David AUBIN • 896 mots Intéressé par l'histoire et la didactique des mathématiques, Mac Lane renoue pendant les dernières années de sa vie avec la philosophie. Son ouvrage Mathematics, Form and Function 1985 cherche à montrer que, quoique correctes, les mathématiques ne sont pas vraies. Il revendique la nature protéiforme des mathématiques, où les mêmes structures apparaissent sous des formes diverses et variées. […] Lire la suiteSOPHISTIQUEÉcrit par Jacques BRUNSCHWIG, Barbara CASSIN • 6 771 mots Ainsi, lorsque Heidegger repense l'ensemble de la philosophie présocratique à la lumière de l'histoire de l'être et à partir de la différence ontologique, il critique une interprétation du subjectivisme de Protagoras qui ferait de lui le Descartes de la métaphysique grecque » Nietzsche, II, trad. P. Klossowski, p. 114 il s'agit bien plutôt, avec la proposition de Protagoras lue par Heidegger, d'une restriction, d'une modération, voire d'une juste mesure de la non-occultation ; si bien que la sophistique, qui ne se laisse penser que sur fond et comme forme dérivée » de l'interprétation hellénique de l'être, est en somme un sous-produit, plus ou moins capable d'authenticité, du présocratisme parménidéen. […] Lire la suiteL'ASTRÉE, Honoré d'Urfé - Fiche de lectureÉcrit par Christian BIET • 1 511 mots Un livre-univers Un grand roman » déploie un monde imaginaire qui représente aussi la totalité de l'univers, au nom d'une philosophie de la vie. Honoré d'Urfé situe son action en Forez, dans la Gaule du ve siècle, juste après l'invasion d'Attila autrement dit dans un temps historico-mythique purement français, après un moment historique terrible, dans une nature accueillante et douce, près du lieu où la Seine et la Loire prennent leur source. […] Lire la suiteDIALECTIQUEÉcrit par Étienne BALIBAR, Pierre MACHEREY • 8 037 mots • 2 médiasLa catégorie de dialectique est surtout une catégorie technique de la philosophie on ne peut s'attendre à la rencontrer que dans le cadre de systèmes philosophiques déterminés, pourvue à chaque fois d'une définition particulière. Commençons par prélever dans l'histoire de la philosophie les grandes définitions de la dialectique. Platon Le dialecticien est celui qui aperçoit la totalité υν́οπικο » La République, VII, 537c. […] Lire la suiteCICÉRON 106-43 av. par Alain MICHEL, Claude NICOLET • 5 893 mots • 1 média Cet effort pour nourrir la rhétorique de philosophie permet à Cicéron de fournir une réponse originale à une question célèbre depuis Platon la rhétorique, chère aux sophistes, n'est-elle pas une anti-philosophie ? La grande digression philosophique du De oratore III, 54 et suiv., qui apporte la solution, propose un classement des doctrines qui s'inspire manifestement de Philon de Larissa cf. […] Lire la suitePLUTARQUE 46 120Écrit par François FUHRMANN • 2 786 mots En réalité, ce que Plutarque entendait avant tout par la philosophie, c'était bien la morale ; se hisser lui-même et conduire ses contemporains à la vertu, et, par elle, au bonheur, était son but primordial. Il s'agit pour lui non point d'extirper de l'âme, comme le voulaient les stoïciens, l'élément irrationnel, ses instincts et ses passions, mais de les dominer par la raison, conformément à ce trait caractéristique de sa nature le culte du juste milieu. […] Lire la suiteRÉVOLUTIONÉcrit par François CHÂTELET • 4 242 mots • 1 média Dans un tout autre registre, cela veut dire que la mise en œuvre de la doctrine scientifiquement juste, que la prise du pouvoir la destruction de l'État existant ne signifie pas que la lutte des classes disparaît magiquement ; au contraire, elle s'aggrave, son enjeu devient plus lourd et se charge de contradictions accrues. Les lendemains ne chantent pas, ils se battent. […] Lire la suiteHUMBOLDT WILHELM VON 1767-1835Écrit par Pierre CAUSSAT • 1 056 mots • 1 média Mais il ne s'agit pas non plus de philosophie du langage », discours souverain sur une réalité clairement reconnaissable. Entre les deux ou mieux, au-delà d'elles, l'œuvre de Humboldt témoigne à sa manière peu entendue jusqu'ici de l'invention d'un discours théorique rebelle autant à la suffisance métaphysique qu'aux réductions de la science. […] Lire la suiteLEOPARDI GIACOMO 1798-1837Écrit par Sergio SOLMI • 2 837 motsL'influence de Leopardi, que les Italiens tiennent à juste titre pour leur plus grand poète après Dante, fut médiocre pendant le xixe siècle, d'abord à cause de l'éclosion des nouveautés romantiques, ensuite lorsque s'affirmèrent des poètes aussi différents de lui que Carducci, D'Annunzio et Pascoli. Il faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que Leopardi devienne un levain actif de la poésie nouvelle. […] Lire la suitePHÉNOMÉNOLOGIEÉcrit par Renaud BARBARAS, Jean GREISCH • 7 242 mots • 2 médias Le volume Philosophie phénoménologique de la collection Handbuch der Philosophie 1989 se présente sous forme d'un diptyque dont le premier volet est consacré à Husserl E. Ströker et le second à la phénoménologie française P. Janssen. L'analyse de la vitalité étonnante dont la phénoménologie française fait preuve à la fin du xxe siècle reste à faire. […] Lire la suitePERSE Vue d'ensembleÉcrit par Henry CORBIN • 2 750 mots Il importe à la vérité de l'histoire des religions et des philosophies de concevoir l'ensemble iranien comme formant un tout religion de la Lumière, philosophie de la Lumière. […] Lire la suiteBUDÉ GUILLAUME 1468-1540Écrit par Marie-Madeleine de LA GARANDERIE-OSTERMAN • 2 841 mots Le Transitus ad christianismum » Une vie aussi studieuse, un militantisme si constant s'enracinent dans une philosophie. Non point une philosophie spéculative ; Budé considère que depuis l'avènement du christianisme toute spéculation de l'esprit est orgueilleuse et vaine. La vérité est don de Dieu. L'exercice philosophique par excellence est donc lecture, interprétation, méditation de l'inépuisable richesse de sens de l'Écriture sainte ; et cette méditation conduit à la contemplation philotheoria, qui est elle-même comme l'anticipation de l'éternité bienheureuse. […] Lire la suiteBUTLER JUDITH 1955- Écrit par Françoise COLLIN • 1 095 mots Pour elle, en effet, celle-ci conteste à juste titre les déterminations sociales et culturelles dont ont séculairement été affectés les individus en raison de leur sexe, ainsi que les places auxquelles ils/elles ont été assignés dans le cadre de rapports de pouvoir. Elle n'interroge cependant pas la réalité du genre en tant que telle, et contribue même à la requalifier dans sa forme séculaire. […] Lire la suiteCURTIUS ERNST ROBERT 1886-1956Écrit par Véronique KLAUBER • 1 069 mots Serait-il plus juste de l'attribuer aux influences d'un cercle d'écrivains très ouverts au dialogue franco-allemand qu'il rencontre en 1922 à Pontigny, Gide et Paul Desjardins notamment ? Ou encore à sa formation de philologue spécialisé en langues romanes — ses maîtres sont Gustav Gröber et Aby Warburg — ? Est-ce encore son amitié pour T. S. Eliot et la littérature anglaise qui détermine davantage son intérêt pour cette Europe de l'esprit » ? En tout cas, sa correspondance très fournie avec toute l'Europe avec Charles Du Bos, Valéry, Gide, Valery Larbaud, Stefan George, José Ortega y Gasset, Max Scheler et T. […] Lire la suiteGRIFFITH ARTHUR 1872-1922Écrit par Pierre JOANNON • 1 079 mots Mais son œuvre était quasiment achevée et c'est à juste titre que l'obstiné journaliste partisan d'un séparatisme non violent, devenu révolutionnaire et homme d'État par la force des circonstances, est aujourd'hui salué comme le père incontesté des premières institutions démocratiques de l'Irlande moderne. […] Lire la suiteLE RIDER JACQUES 1954- Écrit par Marc CERISUELO • 1 012 mots • 1 média Mais ses compétences vont bien au-delà de ce qu’il est généralement convenu d’attendre d’un spécialiste reconnu de la langue, de la littérature et de la civilisation germaniques de l’esthétique à la psychanalyse en passant par la philosophie, les sciences du langage et sa connaissance du monde juif européen, l’étendue de son champ d’action – toujours circonscrit à la langue allemande – force le respect et aiguise l’intérêt. […] Lire la suiteLES LUTTES DE CLASSES EN FRANCE, Karl Marx - Fiche de lectureÉcrit par Éric LETONTURIER • 1 141 mots • 1 média Juste placé après l'exposé de sa théorie matérialiste de l'histoire et de ses analyses critiques de Feuerbach, Hegel et des socialistes utopiques La Sainte famille, L'Idéologie allemande, Thèses sur Feuerbach, Misère de la philosophie, le présent ouvrage appartient à un ensemble plus vaste d'articles Le 23 juin », La Révolution de juin », Travail salarié et capital » et d'œuvres devenues des classiques de cette période Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Herr Vogt, La Guerre civile en France, pour relater, au moment même où Le Manifeste communiste sort en librairie, les événements et la flambée révolutionnaire que connaît la France entre 1848 et 1849. […] Lire la suiteDEVOIR notions de baseÉcrit par Philippe GRANAROLO • 2 244 mots Si le philosophe voit juste en considérant que je suis autonome » quand je respecte mon devoir moral, si c’est bien moi, et moi seul qui, en dernière analyse, choisis d’obéir ou non à la loi, ma liberté serait aussi indiscutable dans l’obéissance que dans la désobéissance. Je suis libre quand j’obéis, puisque j’aurais pu choisir de désobéir, et je suis libre quand je désobéis, puisque j’aurais pu choisir d’obéir. […] Lire la suiteDUVAL LÉON-ÉTIENNE 1903-1996Écrit par Étienne FOUILLOUX • 1 024 mots, souhaite ardemment que l'affrontement armé cède la place à des négociations permettant la naissance d'une Algérie pluricommunautaire, moins dépendante, plus juste et plus prospère. Il n'y a d'espoir que dans la compréhension réciproque, la collaboration fraternelle, la réconciliation, la volonté de paix », dit-il le 20 mars 1962, au lendemain de la signature des accords d'Évian. […] Lire la suitePIRENNE HENRI 1862-1935Écrit par Léone E. HALKIN • 1 075 mots Il n'y a là aucune philosophie plaquée sur l'histoire, mais une acceptation franche du poids des impératifs économiques. Sans une juste appréciation des ressources matérielles d'un pays ou d'une époque, il n'est pas d'histoire cohérente. La deuxième thèse est étroitement liée à la première. Quelle est l'origine des villes du Moyen Âge ? Pirenne prouve que les centres urbains des xe et xie siècles ne se sont pas formés à côté des centres domaniaux ou des abbayes, mais qu'ils sont habituellement issus d'établissements permanents de marchands. […] Lire la suiteKERANGAL MAYLIS DE 1967- Écrit par Christine GENIN • 1 061 mots • 1 média Fille d’un pilote de navire et petite-fille d’un capitaine de la marine marchande, elle passe son enfance au Havre puis fait ses études à Rouen et à Paris classes préparatoires littéraires, puis cursus d’histoire, philosophie et ethnologie. À partir de 1991, elle publie des guides de voyage et des ouvrages pour la jeunesse. En 1997, elle fait deux séjours dans le Colorado. […] Lire la suiteSAMIVEL PAUL GAYET-TANCRÈDE dit 1907-1992Écrit par Laura NOESSER • 1 042 mots Cette philosophie, empreinte de chaleur mais aussi de causticité, nous vaut des livres au ton inimitable. Samivel a légué l'ensemble de son œuvre au musée d'ethnographie de Genève, qui organise des expositions consacrées à son travail protéiforme Musée national de la montagne, Turin, 1997 ; Dôme-médiathèque d'Albertville, 2007. […] Lire la suiteCASTRO AMÉRICO 1885-1972Écrit par Guillermo ARAYA • 1 034 mots Elle est plus spécialement inspirée par la philosophie de la vie » de Dilthey et de Ortega y Gasset. En 1938, Américo Castro, pénétré de l'importance du facteur arabe dans l'histoire espagnole, commence une révision de plus en plus approfondie de tout ce qu'il avait jusqu'alors tenu comme juste sur l'histoire et la culture espagnoles. La pièce maîtresse qui fait état de cette vision nouvelle est L'Espagne dans son histoire 1948, œuvre qui sera ensuite profondément remaniée jusque dans son contenu et apparaîtra en 1954 sous le titre de La Réalité historique de l'Espagne. […] Lire la suitePICKPOCKET, film de Robert BressonÉcrit par Michel MARIE • 977 mots Il leur expose sa philosophie de la vie permettre aux êtres supérieurs de désobéir aux lois. Michel prend le métro et observe un pickpocket. Il va s'exercer seul dans sa chambre et voler ensuite dans le métro. Un inconnu qu'il a suivi lui révèle quelques tours de l'art du vol à la tire. Rentrant chez lui, il trouve un billet lui annonçant que sa mère est très malade. […] Lire la suiteLYON-CAEN GÉRARD 1919-2004Écrit par Antoine JEAMMAUD • 1 010 mots Son œuvre compte des écrits de jeunesse touchant au droit civil, au droit commercial, à la propriété intellectuelle, et des travaux relevant de la philosophie du droit sur certaines thèses de Marx notamment. Mais c'est au droit du travail et de la protection sociale qu'il a consacré l'essentiel de ses analyses, réflexions et efforts de systématisation. […] Lire la suiteLEOPARDI, IL GIOVANE FAVOLOSO M. MartoneÉcrit par René MARX • 1 029 mots • 1 média Il est sans confiance dans le progrès », mais son amour de l'art, de la poésie, de la philosophie, de la nature est tel que sa noirceur est sans cesse balancée par une sensualité paradoxale où le cerveau a la plus grande part. Martone, en cela, ne le trouve pas si éloigné de Pasolini, comme lui un révolté sans optimisme, une force du passé » et un poète de l'expérience individuelle. […] Lire la suiteLA LEÇON DE PEINTURE DU DUC DE BOURGOGNE LecoqÉcrit par Milovan STANIC • 974 mots Le programme éducatif développé par Fénelon, s'inspirant en partie de celui de Bossuet, s'appuyait sur une initiation à la littérature, à la philosophie et aux arts, entendus comme vecteurs d'une éducation morale, mais aussi considérés comme indispensables au développement d'un jugement esthétique autonome chez un prince devant affronter la conversation cultivée de la cour. […] Lire la suiteFEVER L. KaplanÉcrit par Christine GENIN • 1 034 mots Lorsque le roman commence, Damien et Pierre viennent d'assassiner une femme, choisie presque par hasard comme Madame Martin, leur professeur de philosophie, elle ressemble à la chanteuse Alice Snow, l'interprète de Fever. Ces deux lycéens sans problèmes qui habitent le quartier Montparnasse sont intelligents et travailleurs, sensibles et attachants. […] Lire la suiteUN ÉCRIVAIN AUX AGUETS P. Pachet - Fiche de lectureÉcrit par Florence DUMORA • 1 044 mots L’Œuvre des jours est sans doute, parmi les neuf essais retenus, celui qui donne le mieux à comprendre cette visée singulière, qu’aucun -isme » – pas même le stoïcisme mis en lumière par Martin Rueff – ne suffit à inféoder à une philosophie maîtresse. Ni théorie ni phénoménologie pure, ni simple confidence ni fiction franche, l’écriture de Pachet hérite de l’ambition de l’essai depuis Montaigne, qui entend décrire au plus juste et à la première personne la vie intérieure déployée dans le temps, sans la brutaliser par des abstractions et en acceptant la désorientation du présent ». […] Lire la suiteTEMPORALITÉS histoireÉcrit par François HARTOG • 1 052 mots Qu'en est-il, pour finir, du temps des autres, des temporalités non occidentales ? Alors qu'on sortait tout juste du débat sur les sociétés avec et sans histoire, des sociétés dans le temps et des autres comme hors du temps, Claude Lévi-Strauss avait proposé, en 1960, sa distinction entre sociétés chaudes » et sociétés froides » Anthropologie structurale deux, 1973. […] Lire la suiteLE VOYAGE D'HIVER DE SCHUBERT I. Bostridge - Fiche de lectureÉcrit par Yves LECLAIR • 1 032 mots • 1 média de même qu’il étudie la partition les jeux sur les rythmes – rapide, animé, long, lent –, le choix des tonalités, majeure ou mineure, s’interroge sur la juste interprétation du triolet schubertien », les climats méditatif, douloureux, glacial et les poncifs romantiques le cor, la lettre, tout en digressant sur la valse, trop libertine aux yeux d’un pouvoir répressif. […] Lire la suiteMÉMOIRES D'UNE JEUNE FILLE RANGÉE, Simone de Beauvoir - Fiche de lectureÉcrit par Guy BELZANE • 1 645 mots Je n'étais pas vouée à un destin de ménagère » L'auteure raconte ici ses vingt-et-une premières années, depuis sa naissance jusqu'à sa rencontre avec Jean-Paul Sartre et sa réussite à l'agrégation de philosophie. Le livre est divisé en quatre parties qui se succèdent selon une stricte chronologie, chacune coïncidant plus ou moins avec un cycle d'études. […] Lire la suiteDAHRENDORF RALF GUSTAV 1929-2009Écrit par Giovanni BUSINO • 2 594 mots • 1 média Libéré en 1945, et après avoir complété sa formation secondaire, il s'inscrivit à l'université de Hambourg pour y poursuivre des études de philosophie et de philologie classique. En 1952, il y soutint une thèse de doctorat sur la notion de droit selon Karl Marx. Carrière Admis comme post-graduate student à la London School of Economics and Political Science, il y suivit surtout des cours de sociologie et de philosophie. […] Lire la suiteCONFUCIUS & CONFUCIANISMEÉcrit par ETIEMBLE • 14 434 mots • 2 médias Mais Huizi et Gongsun Long tentèrent d'élaborer contre le confucianisme, ou du moins en marge de lui, une philosophie du concept avec sa compréhension et son extension ainsi qu'une philosophie de la contradiction. Sous les Royaumes combattants, les sophistes s'appelaient les philosophes du xing ming, c'est-à-dire ceux qui établissent des rapports entre les noms ming et les substances xing ; moins contestable est leur autre désignation bianzhe, les disputeurs, les dialecticiens. […] Lire la suiteFANATISMEÉcrit par Raoul VANEIGEM • 3 360 mots • 1 média Cette religion n'est autre que la philosophie Sans la philosophie, écrit-il, on aurait deux ou trois Saint-Barthélemy par siècle [...]. Le fanatisme allume la discorde et la philosophie l'éteint. » L'Église pressent le danger de ce mouvement de désacralisation dont Voltaire se fait le porte-parole et qui traduit l'émancipation de la vieille ancilla theologiae, la servante de la théologie. […] Lire la suiteMÉTHODE SCIENTIFIQUEÉcrit par Jean-Paul THOMAS • 2 299 mots Elles se heurtent en particulier à celles des tenants d'un courant également très important de la philosophie des sciences du xxe siècle, celui du positivisme logique, que Popper entend précisément contester. L'œuvre majeure de Karl Popper, publiée en allemand en 1934, a été traduite en français en 1973 sous le titre La Logique de la découverte scientifique. […] Lire la suiteMARX KARL 1818-1883Écrit par Étienne BALIBAR, Pierre MACHEREY • 8 542 mots • 3 médiasAinsi en est-il des controverses qui portent sur la nature et le sens de la philosophie qui fonderait » la théorie et la pratique du marxisme hégélienne ? anti-hégélienne ? Matérialisme naturaliste, où l'histoire humaine apparaît comme le prolongement de l'évolution biologique et même géologique, où les lois de l'histoire sont des cas particuliers d'une dialectique universelle de la nature ? Ou bien philosophie humaniste, fondée sur la critique de toutes les aliénations de la société bourgeoise, sur l'idéal éthique d'une libération de l'homme, sur l'irréductibilité créatrice de la pratique historique ? Mais la théorie de Marx est-elle au juste fondée sur une philosophie ?Ainsi en est-il également des controverses qui portent sur le rôle de Marx dans l'histoire du mouvement ouvrier, et en particulier dans la Ire Internationale, donc sur le sens des luttes de factions qui s'y sont déroulées et les circonstances de sa dissolution. […] Lire la suitePORTALIS JEAN ÉTIENNE MARIE 1746-1807Écrit par Jehan de MALAFOSSE • 1 227 mots Obligé d'émigrer à la suite des proscriptions du 18 fructidor an V 1797, il rédige un Essai sur l'origine, l'histoire et les progrès de la littérature française et de la philosophie publié par son fils en 1820. Rappelé en France par le Premier consul, il est nommé, le 12 août 1800, membre de la Commission de rédaction du Code civil avec F. Bigot de Préameneu et J. […] Lire la suite

Justela fin du Monde & ses oeuvres complémentaires COMMENTAIRES LINÉAIRES Def : Soliloque : discours d'une personne qui se parle à elle-même ou qui pense tout haut Juste la fin du Monde_analyse du prologue, LECTURE_PAGES 22 À 23 Jean Luc Lagarce est l'un des dramaturges contemporains les plus joués en France. À la fois comédien, metteur en scène,

Au début de “juste la fin du monde”, on perçoit l’énervement d’Antoine qui va évoluer graduellement. Lorsque les mots ne peuvent être dits, la violence finit par surgir comme dans la scène 2 de la 2e partie avec la libération de la parole d’Antoine. repère JL Lagarce analyse Dans l’article précédent, nous nous sommes intéressés à la crise du langage tout en rappelant la problématique choisie en quoi ce drame est-il placé sous le signe de l’étrangeté ? Nous avons analysé l’intermède situé entre la 1e et la 2e parties faisant surgir un véritable dialogue de sourds. Il reste que la crise du langage dérive vers une forme de violence. En effet, c'est le cas lorsque les mots ne trouvent pas à dire. Antoine, le cadet, incarne cette violence tout le long de cette pièce. On note un effet crescendo passant de l’énervement à la colère. On note qu’elle se cristallise dans le face à face entre les deux frères dans les scènes suivantes première prise de parole de Louis partie 1, scène 10 menace d'Antoine partie 2, scène 2 Libération de la parole de Louis partie 2, scène 3. Nous reprendrons quelques extraits avec la méthode des 6 GROSSES CLEFS ©qui se décompose comme suit Gr grammaire C Conjugaison OS oppositions le champ lexical SE les 5 sens FS figures de style Énervement À la vue de son frère, Antoine éprouve de l’énervement qu’il refrène difficilement. On a montré précédemment, le transfert de responsabilité qui a pesé sur ses épaules depuis le départ de Louis. Au lieu d’exprimer sa colère à l’égard de son aîné, il la réserve à sa sœur, à sa femme, à sa mère. Son mauvais caractère étant reconnu par tous, ses propos rapidement injurieux sont acceptés comme des paroles banales “ANTOINE.— Suzanne, fous-nous la paix ! 1ere partie, scène 1 ANTOINE.—Ta gueule, Suzanne ! intermède, scène 8” On note même de l’ironie avec l'antiphrase “Antoine- Cela va être de ma faute. Une si bonne journée.” partie 1, scène 2 A l’inverse de son frère, Louis demeure tout le long de la pièce calme et quasi silencieux. Loin d’apaiser les choses, cette placidité aggrave la situation. Calme Louis est présenté comme un être taiseux qui ne s’énerve jamais. Ce tableau est dressé par sa mère qui le connaît bien “Tu répondras à peine deux ou trois mots et tu resteras calme comme tu appris à l’être par toi-même –ce n’est pas moi ou ton père, ton père encore moins, ce n’est pas nous qui t’avons appris cette façon si habile et détestable d’être paisible en toutes circonstances, je ne m’en souviens pas ou je ne suis pas responsable– tu répondras à peine deux ou trois mots, ou tu souriras, la même chose, tu leur souriras et ils ne se souviendront, plus tard ensuite, par la suite, le soir en s’endormant, ils ne se souviendront que de ce sourire, c’est la seule réponse qu’ils voudront garder de toi, et c’est ce sourire qu’ils ressasseront et ressasseront encore, rien ne sera changé, bien au contraire, et ce sourire aura aggravé les choses entre vous, ce sera comme la trace du mépris, la pire des plaies” 1e partie, scène 8 L’usage du futur présente un aspect de prévision certaine qui entre en résonance avec les connecteurs de temps “plus tard, ensuite”. Cet extrait traite de l’opposition entre la placidité de Louis exprimée par l'adjectif “calme” et la formulation “façon si habile et détestable” on comprend que cette attitude n’est pas valorisée. On relève aussi l’opposition entre sourire et mépris ; le premier étant considéré comme une marque de dédain. Puis, vient le temps du face à face entre les frères. Première prise de parole de Louis C’est à la dernière scène scène 10 de la partie 1 que Louis va engager une véritable conversation. Cela marque sa première prise de parole il adopte enfin un rôle actif ; et c’est face à son frère qu’il parle et évoque son arrivée. “Je ne suis pas arrivé ce matin, j’ai voyagé cette nuit” ligne 1. Mais la conversation est aussitôt empêchée par Antoine qui coupe court à la discussion “Pourquoi est-ce que tu me racontes ça ?" ligne 10. Il adopte un ton agressif, refuse de l'écouter avant de quitter la scène. La tension entre les frères monte d’un cran avec la scène 2 de l’acte 2. Menace d’Antoine Lorsque les mots ne peuvent pas être dits, la violence finit, en effet, par surgir. Dans l’extrait ci-dessous, on voit qu’Antoine n’arrive plus à se contenir et que sa parole doit se libérer. Malheureusement, les mots ont du mal à être énoncés, c'est confus… “ANTOINE. – Je n’ai rien dit, ne me touche pas ! Faites comme vous voulez, je ne voulais rien de mal, je ne voulais rien faire de mal, il faut toujours que je fasse mal, je disais seulement, cela me semblait bien, ce que je voulais juste dire – toi, non plus, ne me touche pas ! – je n’ai rien dit de mal, je disais juste qu’on pouvait l’accompagner, et là, maintenant, vous en êtes à me regarder comme une bête curieuse, il n’y avait rien de mauvais dans ce que j’ai dit, ce n’est pas bien, ce n’est pas juste, ce n’est pas bien d’oser penser cela, arrêtez tout le temps de me prendre pour un imbécile ! il fait comme il veut, je ne veux plus rien, je voulais rendre service, mais je me suis trompé, il dit qu’il veut partir et cela va être de ma faute, cela va encore être de ma faute, ce ne peut pas toujours être comme ça, ce n’est pas une chose juste, vous ne pouvez pas toujours avoir raison contre moi. cela ne se peut pas, je disais seulement, je voulais seulement dire et ce n'était pas en pensant mal, je disais seulement, je voulais seulement dire... LOUIS. - Ne pleure pas. ANTOINE. - Tu me touches je te tue.” 2e partie, scène 2 Dans cet extrait, on voit l’émotion d’Antoine qu'il a du mal à refouler avec les oppositions entre les pronoms personnels je/vous. Il est tellement bouleversé qu’il cherche ses mots, il les répète plusieurs fois de différentes manières. Le verbe “dire” est au cœur de son explication. Cette difficulté à s'exprimer est accentuée avec le terme “juste” pris dans les deux sens, l’un adverbial avec le sens de seulement, et l’autre adjectif avec le sens équitable. Son phrasé est lent, maladroit. Il retrouve de la vigueur face à la gentillesse de son frère avec l’impératif, “Ne pleure pas” ayant la forme d’un conseil. C’est alors qu’Antoine menace son frère avec une phrase lapidaire “Tu me touches je te tue.” on entrevoit l’opposition franche entre les deux frères avec je/tu et touches/tue. C’est un face à face terrible jusque là différé. Dès lors, il n’y a pas d’autre solution que le départ de Louis, conseillé, cette fois, par Catherine et la mère. Cette crise personnelle et familiale est à son acmé, comme une catharsis qui permet de purger les passions. Cela permet à Antoine de dire ce qu’il a sur le cœur dans un mouvement de libération. La libération de la parole d’Antoine Antoine livre ce qu’il a sur le cœur depuis des années il évoque cette incompréhension, ce malentendu entre eux, cet amour déçu. Puis il conclut dans l’extrait ci-dessous ... Je te vois, j’ai encore plus peur pour toi que lorsque j’étais enfant, et je me dis que je ne peux rien reprocher à ma propre existence, qu’elle est paisible et douce et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d’avoir failli se lamenter, alors que toi, silencieux, ô tellement silencieux, bon, plein de bonté, tu attends, replié sur ton infinie douleur intérieure dont je ne saurais pas même imaginer le début du début. Je ne suis rien, je n’ai pas le droit, et lorsque tu nous quitteras encore, que tu me laisseras, je serai moins encore, juste là à me reprocher les phrases que j’ai dites, à chercher à les retrouver avec exactitude, moins encore, avec juste le ressentiment, le ressentiment contre moi-même. Louis ? LOUIS.— Oui ? ANTOINE.—J’ai fini. Je ne dirai plus rien. Seuls les imbéciles ou ceux-là, saisis par la peur, auraient pu en rire. LOUIS.—Je ne les ai pas entendus. 2e partie, scène 3 Dans cet extrait final, il est intéressant de voir la fluidité des idées et de la parole d’Antoine. Il ne cherche plus ses mots, il adopte un ton calme, mesuré, celui de la confession. En effet, il emploie des subordonnées conjonctives “que je ne peux rien reprocher”/relatives “ imbécile qui se reproche” qu’il enchaîne avec des conjonctions de coordination “et”. On ne l’arrête plus. Il manie l’ironie à la fois contre lui-même en se traitant “d’imbécile”, mais surtout contre son aîné “replié sur ton infinie douleur intérieure”. Il l’a percé à jour, il ne veut plus sans laisser compter. A ce stade de la scène, Antoine conclut “je serai moins encore, juste là à me reprocher les phrases que j’ai dites,” Il recourt à un comparatif d’infériorité pour rompre avec la culpabilité et la colère qui l’a rongé depuis lors. La réaction de Louis est intéressante, car il donne à comprendre qu’il a compris son frère. Mais il le dit de manière détournée, en recourant à une litote “Seuls les imbéciles ou ceux-là, saisis par la peur, auraient pu en rire. LOUIS.—Je ne les ai pas entendus.” S’il n’a pas entendu les ricaneurs, cela signifie donc qu’il est du côté de son frère. Il sous-entend qu’il a compris son point de vue. Mais il ne peut pas le dire plus explicitement puisque dans cette famille, “rien jamais ici ne se dit facilement” partie 2, scène 3 Dans l’article suivant, nous verrons le choix du dramaturge de recourir dans cette crise du langage aux monologues. repères le recours aux monologues dans “juste la fin du monde” Lagarce
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